LE PROTOTYPAGE RAPIDE EN ARCHITECTURE L'intégration des procédés de fabrication digitale dans le processus de conception architecturale
Résumé :
Dès la première année des études d'architecture, l'enseignement met en avant l'importance de la maquette dans ce domaine. Que ce soit pour étu? dier la volumétrie générale d'un projet, visualiser les relations entre différents espaces, comprendre le comportement de la lumière, ou mieux appréhender le système structurel, elle est utile à l'architecte autant dans le travail de conception, que dans la communication autour de projets auprès des clients, des curieux, voire du grand public. La maquette d'architecture tient ainsi une place importante dans l'histoire de la discipline, et continue aujourd'hui à être appréciée pour ses différentes qualités.
Mais malgré les intérêts qu'elle peut représenter, sa réalisation demande un investissement temporel et matériel conséquent, et pas toujours disponible. En effet, la conception architecturale est un processus complexe intégrant de nombreux paramètres internes dépendant de la nature du projet (exigences programmatiques, techniques constructives, aspects sociaux, environne? mentaux, ...), et de paramètres externes venant de son contexte et de ses dif? férents acteurs (maître d'ouvrage, bureaux d'étude, réglementations, ...). Tous ces éléments ont une influence sur le déroulement du projet, et plus particu? lièrement sur le temps allouable à la conception. Entre les nouvelles normes à intégrer, les dernières requêtes du client ou les impératifs administratifs, le temps effectif de conception est souvent perçu comme très court, et conduit à laisser de côté la maquette d'étude en faveur d'autres méthodes de travail plus rapides et moins coûteuses. La maquette existe encore en tant qu'outil de communication, mais souvent réalisée a posteriori, ou encore sous?traitée à un maquettiste.
Pourtant, d'autres domaines avec une forte contrainte temporelle et de complexité comparable — comme le design, l'industrie ou l'ingénierie — font une utilisation intensive de maquettes et de prototypes dans les différentes étapes de recherche et de conception. Cette différence avec l'architecturepeut s'expliquer par l'utilisation des technologies de pointe dans les mondes du numérique et de la fabrication assistée par ordinateur, souvent adoptées par ces domaines très tôt dans leur développement.
À l'inverse, on a pu constater par le passé la difficulté qu'a l'architecture à investir dans ces nouveaux outils1, menant à un retard d'appropriation technologique par rapport aux autres disciplines. Et bien que l'apparition des technologies de prototypage rapide ne soit pas récente, leur utilisation dans la conception architecturale est encore marginale et pose de nombreux problèmes.
Les raisons de ce retard d'appropriation des outils de prototypage rapide sont multiples et dépendent des pratiques individuelles de chacun. On peut entre autres mentionner le défi que représente le changement d'un processus de conception dans une structure existante pour intégrer de nouveaux ou? tils2, constituant un facteur psychologique qui complique la transition d'un système qui « fonctionne » à un système peut?être meilleur mais inconnu, et potentiellement risqué. De même, de manière plus concrète, la barrière des connaissances nécessaires à l'utilisation de ces outils peut induire ce retard, les agences n'ayant pas toujours la possibilité de s'investir dans l'acquisition de nouvelles compétences. Combinés avec le manque de temps perçu, la ten? dance à la sous?traitance, et la difficulté d'identifier a priori un gain direct, ces aspects constituent autant d'obstacles qui font des outils de prototypage rapide une technologie peu exploitée par les architectes ; quand bien même, elles suscitent de plus en plus leur intérêt en raison de leur accessibilité crois? sante, et de leur potentiel pour rendre plus rapides et moins coûteuses cer? taines étapes du processus de conception, plus particulièrement la réalisa? tion de maquettes.