Bilan sur l’enrichissement sémantique

Cet article présente l’étape d’enrichissement sémantique en expliquant la constitution de la liste des occurrences référencées, des sources mobilisées, de la définition des usages ainsi que de la constitution de la fiche type. Le projet étant de nature expérimentale, tout était à définir et ce bilan présente les différentes bases posées dans l’étape d’enrichissement sémantique du projet Urbania (fig. 1).


Figure 1 : Processus BPMN de la phase (4) d’enrichissement du modèle sémantique.

L’enrichissement sémantique concerne pour le projet Urbania toutes les recherches et collectes d’informations permettant d’offrir des contenus adaptés des différents édifices et voies à destination des publics utilisateurs sélectionnés. Il fallut réaliser la collecte, la sélection et la synthèse d’une documentation sur ces édifices. Un support visuel adapté, constitué d’images anciennes (plans, estampes, dessins, etc.) devait servir à illustrer les synthèses réalisées sur les occurrences sélectionnées et permettre, quand cela était possible, de comprendre le développement d’un édifice ou d’une voie de façon chronologique.

Constitution de la liste préliminaire des occurrences sélectionnées
Cette liste était la base de tout le travail d’enrichissement sémantique. Elle a permis de cibler les documents utiles à collecter. La liste finale comporte 15 occurrences dont 13 ont été étudiées et saisies.

Quelles sources ont été mobilisées ?
Le service de l’Inventaire n’ayant pas réalisé l’inventaire de la Grande-Île, les travaux émanant de ce service sont parcellaires (étude préliminaire d’une rue lors de fouilles, documentation interne au service) et ne suffirent pas pour un travail de synthèse. Néanmoins l’ample bibliothèque, constituée notamment des dernières publications sur le sujet, d’ouvrages anciens et de revues et bulletins en séries complètes, a été le quotidien de la recherche effectuée (voir bibliographies des fiches).
Certains ouvrages généraux ont été utilisés comme base pour la plupart des fiches. Ces ouvrages, bien que présentant parfois de nombreuses erreurs ou sont désormais anciens, restent des documents irremplaçables alors que la ville ancienne de Strasbourg reste mal connue (manque de fouilles récentes, d’études générales en histoire de l’art ou de l’architecture, peu d’études de cas, etc) :

  • PITON, Frédéric, Strasbourg illustré ou panorama pittoresque et statistique. Promenade dans la ville, Strasbourg, Paris, Leipzig, Bâle, Piton Fr. éditeur, 1855, 377p. (réédition : FNAC, 1987, 377p.)
  • SEYBOTH, Adolphe, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870, Strasbourg, imprimerie Alsacienne, 1894 (réédition, Strabourg, Oberlin, 1984, 704 p.) et sa version allemande de 1890.
  • RECHT, Roland, KLEIN, Jean-Pierre, Foessel, Georges, Connaître Strasbourg. Cathédrale, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Colmar, Alsatia, 1976, 239 p.
  • KLEIN, Jean-Pierre, Strasbourg: urbanisme et architecture, des origines à 1870, Strasbourg, Musées de Strasbourg, 1986, 70 p. Strasbourg: SCHWIEN, Jean-Jacques (dir.), document d’évalua- tion du patrimoine archéologique urbain, 1992, 285 p.
  • BECK, Jean-Pierre, TOURSEL-HARSTER, Dominique, BRONNER, Guy, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, éd. La Nuée Bleue, 1995, 662 p.
  • PERTRAZOLLER, François, L’urbanisme à Strasbourg au XVIe siècle. La pierre et l’idée, publications de la société savante d’Alsace, 2002, 311p.
  • BAUDOUX, Julien, FLOTTÉ, Pascal, FUCHS, Matthieu, WATON, Marie-Dominique, PROVOST, Michel (dir.), Strasbourg, carte archéologique, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Strasbourg, Conseil Général du Bas-Rhin, Communauté urbaine de Strasbourg, 2002, 586 p.

D’autres institutions ont été sollicitées pour une collecte d’image plus exhaustive et des informations factuelles plus importantes.

  • Bibliothèque nationale universitaire (BNU) : certains numéros de revues anciennes mais essentiellement pour certains ouvrages et manuscrits anciens ainsi que l’importante collection d’estampes et de photographies.
  • Ressources de la DRAC : le service régional d’archéologie a réalisé de nombreux travaux importants qui concernaient certains édifices sélectionnés ou des ensmbles (Cour du Corbeau, enceintes fortifiées, église Saint-Étienne, rue des Veaux, etc.). Le Denkmalarchiv, fonds de plans, d’images et de photographies anciennes qui a été très sollicité en particulier pour la commande d’images au moment de la finalisation.
  • Archives de l’Eurométropole ont en revanche été souvent visitées, que ce soit pour les fonds anciens (avant 1789) que pour les plans et photographies des XIXe et XXe siècles et ont été sollicitées pour la commande d’image finale. Les archives départementales ne possédaient pas de fonds utilisable.
  • Bibliothèque nationale de France : pour la recherche dans le fonds Robert de Cotte.
  • Bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’art : pour la base de données des collections numérisées d’estampes.

Certains sites internet se sont avérés utiles :

  • Maison de Strasbourg, site de Jean-Michel WENDLING, qui traduit et retranscrit des données notariales, cadastrales, etc des archives de l’Eurométropole notamment. Ce site permet de palier à la difficulté d’accès des documents des archives et d’avoir des informations factuelles précises sur différents édifices (ex: chaque bâtiment de la rue des Veaux a son dossier retranscrit, permettant de retracer un historique précis des propriétaires et des locataires avant la Révolution).

La recherche avait été prévue pour environ trois mois, ce qui permit de réaliser la plupart des fiches de la liste mis à part certaines dont la recherche d’images s’est avérée vaine comme le Schiessrein (champ de tir situé sur l’actuel parc de Contades) et donc supprimées. Le travail de recherche présentait la difficulté de ne pas avoir d’informations claires sur de nombreux édifices (dates incohérentes voire contradictoires, écrits trop anciens voire manque d’écrit sur certains sujets). Il fallut donc réaliser de véritables petites études pour certaines occurrences, ce qui ralenti considérablement le travail. Le travail de relecture pris plus de temps que prévu, augmenté notamment avec les choix supplémentaires émis par le Musée historique et la redéfinition des usages (voir section suivante). Le travail de saisie avec kMaket ne pris qu’une semaine mais il a dû être réédité plusieurs fois suite à des adaptations nécessaires du logiciel.

Comment les usages ont-ils été définis ?
Les trois usages de base : Grand public, public technicien, public scientifique ont été définis à l’origine du projet au cours de plusieurs réunions préparatoires. Il s’est avéré rapidement que l’usage par un public dit « scientifique» (chercheurs, universitaires) ne semblait plus pertinent compte-tenu du contenu des descriptions, il a donc été abandonné pour la suite du projet. Les deux usages restant, technicien et grand public, ont été précisés. Le premier restant difficile à définir (architectes du patrimoine, monument historiques, etc…), son usage s’est pourtant avéré pertinent lors de « mini-sondages » dans une recherche préalable sur l’étude d’un édifice. Le même problème s’est posé pour l’usage «grand public». Une consultation réalisée en 2016 restait le seul document de base pour constituer et définir cet ensemble.

Le choix des images fut d’abord de séparer les deux usages en proposant pour le grand public des illustrations des édifices tandis que l’aspect technique (relevés, plans, coupes) fut privilégié pour l’autre. Ce choix fut finalement abandonné.
Certaines informations contenues dans la fiche n’apparaissent en revanche pas directement pour le grand public, dans le but de faciliter la compréhension.

Organisation de la fiche servant à la saisie dans le logiciel KMaket
L’organisation de la fiche KMaket a été reprise à partir d’une organisation simplifiée de la méthode de l’Inventaire général du Patrimoine. Il y fut introduit une liste de mots-clefs de noms propres et de leur qualité en parenthèse.
Ex: Böcklin de Böcklinsau Philipp Dietrich (commanditaire)

Un résumé grand public de 1000 caractères a été ajout ». Il a été convenu d’essayer autant que possible de faire qu’un seul type de fiche, sans chercher à réaliser un type de fiche par typologie (édifice, rue, quai), pour faciliter la lecture après saisie sur KMaket.

La fiche-type se structure donc ainsi :

  • Dénomination actuelle. Ex: Foyer de l’étudiant catholique dit « FEC »
  • Denomination ancienne 1 (la plus récente). Ex: Directoire de la noblesse de Basse-Alsace
  • Dénomination ancienne 2 (la moins récente). Ex: Hôtel de Boecklin de Boecklinsau
  • Les coordonnées Lambert pour avoir des coordonnées cartographiques précises en France métropolitaine et ne sont visibles que pour les techniciens. Adresse (numéro et nom de la rue) selon la voie actuelle. Ex: 17, place Saint-Étienne
  • Les informations de datation ont été très simplifiées par rapport au système descriptif. Il ne comprend que la période notée en quart ou en moitié (selon les possiblités de precision) chiffres arabes avec mention d’origine des sources. Elle n’est visible que pour les techniciens. Ex: 4e quart du 16e siècle (daté par source)
  • Ainsi que la date de première pierre (et de reconstruction) qui est visible pour tout les publics. Ex: 1598

La liste de noms propres formant des mots-clefs et leur qualité conclue cette première partie.
Le résumé à destination du grand public est un résumé simplifié en 1000 caractères maximum de la synthèse historique et descriptive visible pour le public technicien en 4000 cractères maximum. Cette synthèse, outré un historique permettant une recontextualisation, s’axe sur une description précise des parties (toit, façades, plans).
Une troisième partie, comprise aussi comme un «en savoir plus» s’intéresse aux détails du mobilier et des éléments remarquables mais non structurants. Des éléments disparus (escaliers, mobilier) ont été ajoutés. Comme la synthèse, ces informations sont structurés chronologiquement et offrent des éléments historiques.

Exemple de fiche avant saisie sur KMaket, ici la Pharmacie du Cerf

L’iconographie est limitée à 14 images maximum visibles par tous. Prévu comme un carrousel d’images, une image contemporaine de l’édifice ou de la voie est d’abord proposée, puis des vues anciennes pour terminer avec des documents plus techniques facilement lisibles.
Un contenu complémentaire est proposé en fin de fiche avec une courte sitographie et une bibliographie comprenant articles et ouvrages.

Exemple de fiche saisie sur KMaket, à gauche l’édifice modélisé (ici le palais Episcopal médiéval) et à droite la fiche saisie.

Conclusion

La principale difficulté de cet « enrichissement sémantique » a été le manque de définition préalable des attentes (les différents usages, la confusion dans les occurrences à sélectionner postérieures parfois au plan-relief de 1728). Néanmoins, ces difficultés surmontées, les bases ont été posées dans l’éventualité d’une poursuite du projet. La constitution de la fiche-type capable d’intégrer les besoins pour un grand public et pour un public technicien n’exige qu’une écriture adaptée à chacun des deux usages (par exemple dans l’utilisation de termes d’architecture ou dans une description complexe de l’édifice). Il est ainsi possible d’intégrer des données complexes sans rendre difficile une lecture pour un public non averti en utilisant une structuration graphique dédiée à chacun.

Cet article a été rédigé par Thomas GLUCKIN et mis en forme par G. Halin.

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